Le lycée Fabert reçoit une distinction de niveau national pour son travail de mémoire
Ce vendredi 9 juin, les élèves de terminale participant au projet « Mémoire » ont été honorés par l’Association des Membres de l’Ordre National du Mérite du prix national Mémoire 2023.
Le travail de recherche mémoriel mené depuis janvier 2022 par deux groupes successifs d’élèves de spécialité HGGSP, qui consiste à retracer la biographie d’élèves de notre lycée assassinés dans les centres de mise à mort nazis, a ainsi reçu une distinction prestigieuse, puisqu’il s’agit d’un prix de la Présidence de la République.
Ce prix reconnaît la valeur du travail effectué par des élèves volontaires qui y ont consacré chaque semaine une heure de leur temps libre et se sont investis dans l’exploration d’archives et de documents parfois difficiles à lire.
Ils étaient représentés à Paris par deux d’entre-eux, Lucka Jacob Lombard, de terminale 1 et Lallie Michel de terminale 4, accompagnés par Mme Boëlle, professeur de spécialité HGGSP responsable du projet et M.Kany, CPE.
Après une matinée consacrée à une visite guidée des Invalides, c’est à la mairie du XVIeme arrondissement que le premier prix national « mémoire » nous a été remis des mains d’un représentant du préfet de Paris.
Le travail primé, aussi passionnant qu’émouvant, nous semblait avant tout nécessaire, essentiel, alors même que disparaissent les derniers survivants de la Shoah. Simone Veil avait dit dans un discours de 2002 : « bientôt s’éteindra complètement cette génération qui ne devait pas survivre. Ce n’est pas l’information qui fera défaut mais le contact unique, irremplaçable, bouleversant de celui qui dit « j’y étais et cela fut ». Quelque irréparable que soit cette perte, il faut s’y préparer, l’ère du témoin s’achève ». Aujourd’hui, en 2023, ces mots résonnent avec encore plus de force, et c’est parce que nous n’avons pas le droit d’oublier ces heures sombres que nous nous sommes intéressés, dans une démarche de micro-histoire, au parcours individuel de ces enfants perdus dans les méandres d’une histoire tragique, pour porter la voix de ces jeunes, dont certains avaient l’âge de nos élèves, assassinés avant d’avoir vécu, morts sans sépulture, dont parfois toute la famille a disparu dans l’univers concentrationnaire nazi, afin que leur mémoire ne s’éteigne pas, afin de montrer que ces morts n’ont pas toujours été morts et qu’il est important de le rendre à la vie, à leur vie.
Le travail effectué et la récompense obtenue honorent le lycée, mais c’est aussi la mémoire de ces enfants, de ces adolescents de ces jeunes adultes qui est honorée :
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Max Moszkowicz, 20 ans, déporté le 20 juillet 1942 par le convoi n°8 avec quatre de ses sœurs : Fanny, Berthe, Genny et Marthe ;
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Samuel Ascher, 14 ans, déporté le 26 août 1942 par le convoi n°24 ;
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Claude Roger Bloch, 20 ans, déporté le 23 septembre 1942 par le convoi n° 36 ;
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André David Stein, 18 ans, déporté le 3 février 1944 par le convoi n° 67, avec son père et l’un de ses frères ;
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Mathilde Feingrutz, déportée avec ses parents le 29 avril 1944 par le convoi n° 72, assassinée, comme les précédents, dans les chambres à gaz de Birkenau à l’âge de 13 ans.
Ce sont cinq des vingt-six élèves identifiés ayant fréquenté notre Lycée dans les années d’avant guerre, victimes de la politique antisémite des nazis et du régime de Vichy qui avaient pour but d’anéantir le présent des juifs, le passé des juifs et leur avenir en massacrant les enfants.
Le travail de nos élèves de terminale, Lois, Marie, Emma, Manon, Giuseppina, Alexandra, Lallie, Lucka et Kevin, mais aussi de leurs aînés, dont Agathe, Simon et Célia nous ont rejoint pour les cérémonies, a également été distingué par le prix départemental « mémoire » de l’ANMONM qui leur a été remis le lundi 12 juin à l’hôtel de ville de Metz, à l’occasion de l’inauguration d’une exposition sur les 60 ans de l’Ordre National du Mérite, et par le prix spécial « travail de recherche historique » du Concours National de la Résistance et de la Déportation, remis le 21 juin en Préfecture.
Nous avons donc toutes les raisons d’être fiers du travail effectué qui fait rayonner le lycée à l’échelle départementale et nationale.